Transhumanisme ou technoprogressisme, peu importe la sémantique, ces termes désignent avant tout des hommes et des femmes technologiquement modifiés. De là à parler de Cyborg, il n’y a qu’un pas. La première organisation transhumanisme a été fondée par Max More en 1992, elle prône l’adhésion à l’idée du progrès perpétuel, la volonté de transformation de soi et surtout l’adhésion au fait que le développement de l’intelligence artificielle est inévitable, mais également souhaitable. Six ans plus tard Nick Bostrom et David Pierce fondent la World Transhumanist Association. Prenant le nom de Humanity+ en 2008, cette association souhaite fédérer les transhumanistes du monde entier. Désormais le transhumanisme est partout. Une Université de la silicon valley lui est même dédiée (Singularity University). Les élections présidentielles américaines de 2016 comptent parmi les candidats des transhumanismes convaincus à l’image de Zotlan Istvan avec le parti baptisé le “Transhumanist Party”. La bio-révolution est en marche pour ne plus souffrir, ne plus vieillir… au final, pour devenir immortel.
L’homme augmenté
Un mot est très en vogue ces temps-ci dans la Silicon Valley : “disruption”, soit la faculté de bouleverser l’ordre établi et la certitude que l’homme va améliorer la machine autant que la machine va améliorer l’homme. Mais n’est-ce pas déjà le cas ? Aujourd’hui les personnes paraplégiques parviennent à remarcher grâce à des exosquelettes motorisés.
De même une équipe américaine a permis à des tétraplégiques de piloter mentalement un bras robotisé via un implant dans le cortex. Des chercheurs du MIT ont également mis au point des prothèses qui se connectent au corps du patient et réagissent comme de vrais muscles.
Au delà de la médecine régénération, la création d’organes artificiels relève d’une avancée médicale extraordinaire, à l’image d’un cœur synthétique transplanté pour la première fois le 18 décembre 2013 à Paris sur un homme de 76 ans, qui malheureusement décédera 74 jours plus tard.
Source de la vidéo: Universo Racionalista
L’homme connecté
L’homme du futur sera un “homme connecté”. Un corps bourré de microprocesseurs, de capteurs et d’émetteurs reliés aux muscles ou au cerveau. Une fiction pensez-vous ? Pas si sûr. En effet en juin dernier le festival futur au sein de Paris a proposé aux visiteurs de se faire implanter une puce RFID (Radio Frequency Identification) dans le bras, ceci afin de démontrer les interactions possibles entre le corps et les équipements du quotidien : déverrouiller une porte, son smartphone, valider son titre de transport et faire des achats via les codes barres sans utiliser le toucher. L’homme deviendrait-il un objet connecté ? Est-il alors possible que le corps humain soit piraté ? Un hacker pourrait-il prendre le contrôle d’un individu à distance pour lui faire commettre des délits ou des crimes ou tout simplement le tuer en lui envoyant un virus informatique ?
Par ailleurs les médecins devront apprendre à interpréter les données numériques de ce corps humain 2.0. L’expertise médicale passera alors du médecin aux leaders de l’Internet tels que la GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon). Google a déjà pour projet d’élaborer des nano-robots qui circuleront dans notre sang et cerveau et dont le but sera de détruire les agents pathogènes, corriger les erreurs de notre ADN, éliminer les toxines et effectuer toutes sortes de tâches pour améliorer notre bien-être physique. En France ces évolutions technologiques sont encadrées par les lois bioéthiques de 1994 consacrant l’indisponibilité du corps humain et le conservant par conséquent hors du commerce. Il serait donc interdit à la GAFA, d’utiliser les données recueillies par les prothèses artificielles connectées pour faire de la publicité ciblée.
Par ailleurs les articles 16-14 du Code civil issu de la loi du 7 juillet 2011 relative à la bioéthique médicale autorisent l’utilisation de l’imagerie médicale dans le cadre d’une expertise judiciaire. Le corps peut donc servir de preuve scientifique aux cours d’un procès (et plus particulièrement l’utilisation d’imagerie cérébrale) afin de détecter les troubles psychologiques à l’origine d’une éventuelle abolition du discernement. Allant plus loin, ce type d’examen serait susceptible de percevoir si les prothèses intelligentes d’un individu n’auraient pas été défectueuses, le poussant ainsi à adopter un comportement dangereux permettant d’écarter sa responsabilité juridique.
Dans le même ordre d’idée l’union européenne a lancé le projet “Human Brain Project” dont l’objectif est de reproduire un cerveau humain grâce à de puissants ordinateurs, ce qui permettrait de développer de nouvelles thérapies médicales pour lutter contre les maladies neurologiques. Coût du chantier 1,2 milliards (€).
Au final qu’est-ce qui fait de nous des hommes et des femmes ? Notre ADN, ou est-ce notre instinct de survie qui nous pousse à survivre grâce aux progrès technologiques et qui nous permettra peut-être de vivre éternellement ? Serons-nous les artisans d’un monde meilleur pour l’humanité ?
bibliographie: H+ Magazine
LW
C’est très profond en fait. Je ne savais pas que l’étendue de la technologie va jusque-là, notamment à ce genre de remise en question. Et en y pensant, on pourrait dire que l’homme est menacé (sa suprématie). Merci pour votre partage.
Si je comprends bien, on peut avoir un automail comme Edward Elric dans Fulmetal Alchimiste légalement, c’est cool ! C’est mon manga préféré. Je crois que cela va donner un nouvel espoir pour les personnes handicapées.