Internet est tel un janus à deux faces, constitué d’un côté clair accessible à tous et d’un autre plus sombre appelé Darknet ou encore Deep web. C’est au sein de cette face cachée de l’Internet, accessible via le réseau Tor, que les délinquants sévissent de plus en plus. Le Darknet représente 90% du Web non indexé par les moteurs de recherche traditionnels. Drogues, armes, molécules dangereuses, prostitution… tout se vend du moment que c’est illégal. Petite immersion vers le côté obscur de la force.
50 nuances plus sombres
“On ne va pas dans le deep web comme on irait à la Fnac ou chez Amazon” ((citation du professeur de criminologie Alain Bauer)). Inutile d’essayer d’accéder au Darknet via Google. Il faut installer le réseau Tor (n’y voyez aucune référence avec le héros de Marvel au marteau et au casque ailé). Il s’agit en réalité d’un terminal informatique permettant l’accès à un Internet privilégiant l’anonymat et les échanges cryptés, et qui fut à l’origine créé pour la marine américaine (Navy). Une fois qu’on est passé de l’autre côté du Web, on fait son marché grâce au moteur de recherche frauduleux appelé “Grams”. On recense 6 sites de commerce illicite : Agora, BlackBank, Cloud-Nine, NiceGuy, Pandora et The Pirate Market. C’est au moyen de la devise électronique “bitcoin” ((cf. l’article : Repenser l’économie avec le bitcoin)) que l’on peut se procurer des armes, de la drogue, des médicaments, ou les services d’un tueur à gages, récupérer des numéros de cartes bancaires ou des faux billets ((La Police Nationale a récemment procédé à la saisie d’une quarantaine de faux billets de 50 euros après l’arrestation d’un individu qui les commandait sur le DarkNet.)), accéder à du contenu pédophile, etc.
Le Darkweb se porte si bien que Grams, qui se veut être le Némésis de Google, se verra bientôt doté d’un système de régie publicitaire similaire à AdWords. Un vendeur pourrait, par exemple, acheter le mot-clé « cannabis » pour que son annonce se positionne en haut de la page. Mais tout n’est pas rose sur le Darknet, il suffit en effet de gratter à la surface pour constater que les utilisateurs sont souvent victimes d’escroqueries. Ainsi les sites les plus populaires du Darknet, considérés comme les supermarchés de marchandise clandestine, comme « Evolution Marketplace » ((les deux administrateurs du site, Vero et Kimble, ont disparu de la circulation)), ou « Sheep Marketplace » ((le fondateur du site a été arrêté dernièrement en oubliant de cacher son identité et son adresse résidentielle sur sa page Facebook)), sont soupçonnés d’avoir volé massivement des bitcoins à leurs clients, pour des montants estimés à des millions de dollars.
50 nuances plus claires
L’anonymat des utilisateurs du Darkweb a pour conséquence de complexifier les enquêtes judiciaires. Cependant les services de renseignements américains surveillent étroitement cet Internet parallèle. C’est ainsi que la Silk Road (marché de la soie), surnommée l’e-bay de la drogue, a été démantelée par le FBI en octobre 2013. Son fondateur Ross Ulbricht, qui a été reconnu coupable de trafic de drogue et blanchiment d’argent par le parquet de New York le 4 février 2015, encourt la prison à vie.
Quel équilibre entre surveillance des données de connexion et protection des libertés individuelles ? Une question pertinente qui soulève le problème des moyens utilisés par les autorités pour stopper cette mafia du web. Lors de l’opération appelée “Onymous”, si le FBI a pu mettre fin aux agissements d’une deuxième version du site Internet Silk road intitulée sobrement Silk road 2.0, peu de détails sur la manière dont les services de renseignements américains ont agi ont filtré, au point que même les opérateurs de Tor ignorent comment ils ont pu être repérés. Ce manque de transparence de la part des autorités américaines fait écho aux révélations d’Edward Snowden sur notre surveillance constante sur Internet par l’Oncle Sam. En France, ce sont les dispositions de loi LOPPSI 2 du 14 mars 2011 qui sont les plus efficaces pour traquer les trafiquants en tout genre sur le net. En effet l’article 706-102-1 du Code de Procédure Pénale permet aux officiers de police judiciaire de capter des données informatiques à distance au moyen de chevaux de Troie, et de virus. Cependant ces cyberperquisitions doivent être autorisées par le juge d’instruction, après avis du Procureur de la République. Inutile de signaler que seules les infractions les plus graves peuvent faire l’objet d’un tel procédé.
Plateforme pour trafics illégaux en tout genre, le Darknet est loin d’être net. Cependant croire que naviguer dans les profondeur du web permet de passer entre les mailles des filets des autorités est un doux rêve. En effet du côté des autorités policières c’est loin d’être le Moyen Âge et tous les coups sont permis pour mettre fin aux crimes et délits perpétrés sur la toile. Malgré tout le Darknet est également la tribune des libertés individuelles, notamment celles des opposants, et des militants des droits de l’homme, ou des libertés dans des pays où celles-ci sont rares.
Infographie du Darkweb
LW
Je ne comprends plus cette volonté d’acheter du cannabis sur le darknet sachant que nous avons maintenant à disposition des boutiques de cannabis légales en France !
Je connais déjà l’existence de hackers et tout, mais c’est la première fois que je découvre cette histoire de face cachée du net. Je sais qu’on ne pourrait jamais être sûr d’être en sécurité avec, mais de là à devoir rester alerte tout le temps, ce n’est pas évident.
Les darknets sont des sous-réseaux d’internet utilisant des protocoles qui intègrent nativement des fonctions d’anonymisation. Lorsque l’on navigue sur Internet, on n’est absolument pas anonyme puisque l’adresse IP est visible.